Qui parle de pratique d’écriture, même dans ses versions les plus virtuelles, parle de lieu et de territoire physique. Bourdieu abonde dans ce sens:  la langue habite l'hexis corporelle, un corps qui est né quelque part, qui est issu d’un quelqu’un et de ce quelque part, qu’on accepte ces liens d’origines ou non.

En ce sens, le corps physique compte. L’émotion compte. Le corps et sa relation à son territoire culturel et identitaire comptent puisque le texte littéraire nait du corps humain, peu importe l’outil utilisé pour exprimer le récit. Je fais partie d’une génération ou d’une manière de penser au texte littéraire qui est peut-être désuète étant donné la prédominance du virtuel et la manie du « nouveau » et « tendance », et ce, même en ce qui concerne la pratique créatrice. Cependant, je refuse d’admettre qu’écrire un livre dans une chambre à quatre murs, à l’ordinateur ou sur papier n’est plus légitime ou même novateur. Le texte qui nait de l’outil, de la machine, de la plateforme, de l’intelligence artificielle répond aux exigences de l’outil et de la machine. Je veux lire et écrire des textes qui répondent aux incohérences de l’expérience humaine, de personnes en relation avec d’autres personnes humaines. Je veux faire partie d’une communauté d’auteurs présents et visibles.